Le réglage de la hauteur de selle est un sujet d’importance. Si une selle réglée à bonne hauteur permet d’améliorer la performance, ce réglage est un facteur essentiel pour prévenir les risques de blessures. Quel est le bon réglage et comment l’obtenir ? Au STUDIO 446, on utilise la technologie ID-MATCH et dans cet article, on vous explique comment.
Une étude de 2017 réalisée par Fanny Valencia Legarda et al. à l’université de Medellín (Colombie) semblait indiquer que l’inadéquation de la hauteur de selle avait un impact négatif sur la cadence de pédalage car elle provoquait une modification des angles posturaux et par conséquent une diminution de l’efficacité des muscles des membres inférieurs. Elle indiquait que le réglage de la hauteur de selle était un paramètre qui influençait le plus la biomécanique du pédalage.
La hauteur de selle et les traumatismes
Ce qui paraît évident dans de très nombreuses recherches, c’est l’incidence d’un mauvais réglage sur les risques de blessures : des douleurs sur la face antérieure du genou, le syndrome de la bandelette ilio-tibiale, ou une tendinite du biceps fémoral.
- Une hauteur de selle trop basse augmente les contraintes au niveau patello-fémoral et accentue l’abduction du genou (genou qui sort)
- La selle trop haute provoque des douleurs sur la face postérieure du genou en raison d’une extension excessive au point mort bas (PMB).
D’ailleurs, lorsqu’on modifie les réglages de la selle, les données enregistrées par EMG montrent des modifications de l’activités des muscles enregistrés. Par exemple, l’activité des fléchisseurs du genou (ischio-jambiers et gastrocnémiens) augmente avec une hauteur de selle élevée ; les extenseurs (droit fémoral, vaste médial, vaste latéral et tibial antérieur) seraient plus recrutés avec une hauteur de selle basse. Ce qui tend à confirmer l’influence de la position sur la cinétique du pédalage.
Le réglage de la hauteur de la selle n’affecte pas seulement la biomécanique. Ce réglage peut influencer la production de puissance mécanique, les réponses physiologiques et l’efficacité du pédalage. De plus, la hauteur de selle a une influence sur la stabilité du vélo et donc sur la maniabilité. Enfin, un bon réglage permettrait de se sentir bien sur son vélo, mettant en évidence l‘importance du ressenti lorsqu’on pédale.
Des méthodes pour déterminer la hauteur de selle optimale
Des méthodes se sont développées pour déterminer la hauteur de selle optimale.
- La méthode Hamley (1967) multiplie l’entrejambe du cycliste par 109% pour calculer la distance entre l’axe de la pédale et le sommet de la selle lorsque la manivelle est dans le prolongement de l’axe du tube, orientée ver le bas.
- Genzling (1980) propose de multiplier la hauteur de l’entrejambe par 88,5% depuis le centre du boîtier de pédalier jusqu’au sommet de la selle.
- Christiaans et Bremmer (1998) ont trouvé que le confort s’améliorait lorsqu’on appliquait le coefficient de 1,06 pour les hommes et 1,07 pour les femmes à leur entrejambe.
Le réglage de la hauteur de selle influence le degré d’extension du genou. C’est ainsi que des chercheurs ont voulu déterminer la plage optimale d’extension du genou lorsque la pédale est au PMB. La recherche de cet angle optimal est compliqué.
Définir le degré d’extension du genou pour déterminer la hauteur de selle optimale
En utilisant des observations en statique, des recherches ont situé cet angle entre 25° et 35°. Cette plage permettrait de réduire les risques de douleurs à la périphérie de la rotule, les tensions au niveau de l’insertion proximale du quadriceps et des douleurs ressenties au niveau du biceps fémoral et de la bandelette ilio-tibiale.
Pourtant, d’autres études, cette fois ci réalisées en mode dynamique (analyse vidéo bidimensionnelle), vont observer que l’angle du genou au PMB était 5° à 10° plus important pendant le pédalage que dans la même position statique. Une différence qui pourrait être attribuée à un léger basculement sur le côté du bassin qui augmenterait durant le pédalage ou en raison d’une augmentation de l’angle de la cheville (angle entre la jambe et le pied ou d’une diminution de l’angle de la hanche (entre la cuisse et l’horizontal). Aucun angle spécifique n’a été suggéré.
Il devient difficile de régler la hauteur de selle sans prendre en considération l’orientation du pied au cours du cycle de pédalage. Les cyclistes utilisent différentes techniques modifiant l’amplitude du mouvement (Range Of Motion : ROM) de la cheville. De plus, la technique a évolué avec l’arrivée des pédales automatiques modifiant l’angle du genou, nécessitant de relever la hauteur de selle. La gestion du PMB est cœur de la réflexion. Lorsque le genou se situe entre 30° et 40° (manivelle parallèle au tube de selle), le membre inférieur est complétement étendu au PMB. Certains auteurs ont suggéré que dépasser cet angle pourrait augmenter la tension antérieure du genou, principalement sur les tendons rotuliens et quadriceps.
Les méthodes se croisent et s’entrecroisent
De nombreuses études ont croisé les méthodes pour interroger leur cohérence. Pour n’en citer qu’une, celle de Ferrer-Roca (2011) compare une variante de la méthode de Hamley (106 à 109% de l’EJ) et l’angle du genou en dynamique (30 à 40° avec la manivelle parallèle au tube de selle). 56,5% des cyclistes avaient une hauteur de selle comprise entre 106 et 109% de l’EJ alors que 75% d’entre eux avaient un angle de genou compris entre 30 et 40°.
Ces différences peuvent s’expliquer par l’utilisation de pédales automatiques, contrairement aux études menées avant 1985, ou par la différence de flexibilité des ischio-jambiers entre les cyclistes. Pour avoir un angle de genou optimal, ces auteurs ont proposé une plage de 109 à 110,4% de l’EJ. Ce qui est contradictoire avec les résultats de Christiaans et Bremner (1998) qui conseillent une hauteur de selle comprise entre 106% et 107% de l’EJ pour améliorer le confort sur le vélo.
Ce qui est évident, c’est que les méthodes statiques sont approximatives parce qu’elles sont statiques, justement. L’extension optimale du genou n’existe pas ou plutôt, elle dépend des caractéristiques individuelles telles que la cinématique du pédalage, le cycle de pédalage, l’état de la musculature. Dès lors, le ressenti du cycliste est important pour déterminer la hauteur de selle qui convient. Il serait possible de développer de nouvelles stratégies reposant sur la comparaison des effets physiologiques obtenues en modifiant les angles.
Le réglage de la hauteur de selle au STUDIO 446
Au Studio 446, nous utilisons la solution IDMATCH qui est un puissant système automatisé permettant de réaliser des études posturales.
La technologie IDMATCH
Le système est automatisé et de ce fait ne nécessite aucune intervention humaine pour modifier les positions du cintre et de la selle verticalement et horizontalement. Il faut, bien évidemment, alimenter la base de données de différentes informations dont le logiciel a besoin pour effectuer les calculs. Les mesures anthropométriques sont prises à l’aide la caméra 3D.
Sur la base de ces informations, le logiciel met en œuvre les différents algorithmes permettant de situer la hauteur de la selle et son recul ainsi que la position du cintre. Les différentes positions sont immédiatement analysées en se référant aux angles optimaux permettant d’avoir un mouvement de pédalage efficace.
Même s’il est automatisé, le système peut être pris en main par le bikefitter en mode manuel dans le but de comparer la position obtenue aux sensations ressenties par le cycliste.
Conclusion
Le contenu offre des informations sur l’importance du réglage précis de la hauteur de la selle et son impact significatif sur les performances des cyclistes ainsi que la prévention des blessures. Il met en lumière l’influence critique de la hauteur de la selle sur divers aspects tels que la biomécanique, la production d’énergie, les réponses physiologiques et la stabilité du vélo. En outre, l’article explore différentes méthodes permettant de déterminer la hauteur de selle optimale, notamment la méthode Hamley, la méthode Genzling, et la méthode Christiaans et Bremmer. Il aborde également la complexité de trouver l’angle d’extension optimal du genou, ainsi que les diverses techniques employées par les cyclistes pour ajuster l’amplitude de mouvement de la cheville.
L’article souligne l’incohérence entre les méthodes de réglage statiques et dynamiques de la hauteur de selle, ainsi que l’impact des caractéristiques individuelles sur ce réglage. Il met en lumière l’utilisation de la technologie IDMATCH au Studio 446 pour un montage automatisé de vélos basé sur des mesures anthropométriques précises.